High Star Hero, itinéraire d’un vainqueur de coupe du monde !
Samedi soir, près de Los Angeles, sur l’hippodrome de Santa Anita, McLain Ward remporte une nouvelle étape de coupe du monde mais cette fois sur le hongre sbs de 12 ans, High Star Hero (I’m Morhoeve’s Star x Darco). Une première victoire en coupe du monde pour l’imposant bai qui ne cesse de monter les échelons et remporte déjà ici sa troisième victoire sur 1m60 !

High Star Hero est un arrière-petit-fils de Rinnetou Z (Ramiro Z), l’ancienne crack de Pieter Raymackers qui a elle-même gagné les étapes de coupe du monde d’Helsinki, Amsterdam et ‘s Hertogenbosch. Mère de l’étalon Chardonnay Z, Rinnetou est également la grand-mère du crack de Denis Lynch, All Star qui a participé aux championnats du monde de Caen. Cette souche de Fairness qui avait elle-même tourné en compétition en remportant les Grand Prix de Wiesbaden, Donaueschingen, Brème, Mannheim, Wolfsburg, Francfort et Berlin est très prolifique puisqu’elle a également donné Apricot D (Hugo Simon), Zalza (Nick Skelton), Amaretto D I & II, Taalex (Constant van Paeschen et Grégory Wathelet) ou encore Acalix Hero Z.

Nous sommes partis à la rencontre de ceux qui l’ont façonné jusqu’à son départ chez Laurent Guillet où il fut monté par Megan Moissonnier avant de franchir l’Atlantique pour évoluer avec l’Australienne Thaisa Erwin, qui s’entraine avec … McLain Ward !
Son naisseur, Luc Henry nous raconte : « J’ai acheté les trois dernières filles de Rinnetou Z et une de ses petites-filles à monsieur Melchior. Il y avait Canterel Z par Calvaro que j’ai vendue à Charles Geens (Stal de Kalvarie) et sa fille Air Lane Z que j’ai vendue à la famille Stalpaert à qui elle a donné directement le très bon Don Darco de Bornival. Anatou Z avec qui j’ai élevé deux poulains avant qu’elle ne rejoigne le haras de Hus et Air France Z ,qui m’a donné une véritable crack avec Darjina Hero Z, avant d’être vendue en Suède.

La souche de Rinnetou Z tient sa qualité de Fairness Z qui était une des meilleures juments du monde. Je suis persuadé qu’elle pourrait encore être compétitive dans de grosses épreuves aujourd’hui. Je pense que Darjina était de cette trempe. Je n’ai gardé qu’elle car j’étais vraiment persuadé que c’était un véritable phénomène. Elle a d’ailleurs fini deuxième de l’épreuve du saut en liberté de Malines avant de débuter sa carrière avec Jérôme Guery. A 7 ans, elle a participé au Sunshine Tour puis est partie en Italie pour y être ponctionnée pour faire de l’ICSI mais elle est revenue boiteuse. Elle s’est alors consacrée à l’élevage mais malheureusement, elle a fait des coliques seulement quelques semaines plus tard … et elle est morte. C’était une perte énorme pour notre élevage car cette jument était exceptionnelle. Je lui avais donné le nom de Darjina en hommage à l’une des meilleures juments de course de l’Aga Khan qui portait ce nom. J’ai utilisé sur elle des étalons tels I’m Morhoeve’s star, Vivald’Ick, Jewel’s Diamant, Don’t Touch Tiji Hero Z ou encore Jenson van’t Meulenhof qui sont tous des chevaux avec beaucoup de rayons et de trajectoires. Darjina sautait avec tellement de respect et de qualité que nous avions difficile d’évaluer ses moyens. Il est né chez Vincent Jourdan chez qui sa porteuse était partie pleine. Lorsqu’il m’a envoyé la vidéo de lui poulain, j’ai adoré la manière dont il galopait. Ce n’est évidemment qu’un sentiment mais il me plaisait énormément. »

L’histoire de Vincent Jourdan avec High Star Hero débute dans une prairie alors qu’il est encore dans le ventre de sa porteuse sur les hauteurs de Olne : « Luc m’avait proposé de venir chercher deux porteuses dont les poulains naîtraient chez moi et que nous élèverions ensemble comme nous avions déjà eu l’occasion de le faire sur quatre autres poulains dont Tinka’s Hero et Gracieux du Pachis. Lorsque je suis arrivé dans la prairie, il y avait une dizaine de porteuses et Luc m’a expliqué chaque croisement et m’a laissé choisir ceux que je préférais. C’est ainsi qu’Hayade Hero et High Star sont nés à la maison. Par la suite, Luc m’a permis de le racheter. A cette époque, je castrais tous mes mâles. J’avais déjà eu plusieurs étalons mais je trouve que c’est un métier à part et si c’est pour ne faire que quelques saillies par an, cela ne vaut pas la peine. Il avait des moyens énormes mais ce n’était pas une gravure. Comme tous mes autres chevaux, il est parti chez David Dehez avec qui je collabore. Il a de suite été très emballé. Nous avions déjà vendu de très bons chevaux comme Tinka’s Hero, Exquise du Pachis, Gracieux du Pachis etc … mais il m’a dit qu’il pensait que c’était le meilleur que je lui avais amené. »

Le marchand ardennais David Dehez confirme : « Dès le début, j’ai pensé que c’était un cheval exceptionnel. Il était un peu lax mais avait d’énormes moyens et un incroyable respect. J’ai vraiment la chance de collaborer avec Vincent Jourdan qui m’amène tous ses jeunes chevaux et j’ai tout de suite beaucoup cru en High Star. Il était un peu tardif alors on l’a très peu sorti à 4 ans et nous avons continué sur le circuit de testage des jeunes chevaux de l’ADECLUX à 5 ans avec François Wéry puis Thibault Palm. A 6 ans, il a été essayé pour les écuries H5 de Carlos Hank mais l’affaire ne s’est pas conclue et un peu plus tard, je l’ai fait essayer par Elora Schmitter qui venait de m’acheter plusieurs chevaux. Nous sommes partis chez elle avec Bertran Genin dont Une Native de Virton et He Hop de la Savenière. L’essai a été particulier et Elora m’a fait confiance, je suis d’autant plus heureux aujourd’hui de l’histoire du cheval aujourd’hui.»

La cavalière alsacienne se rappelle très bien l’arrivée de High Star Hero dans ses écuries : « David devait venir avec quatre chevaux que nous voulions acheter pour leur faire passer une visite vétérinaire chez moi … mais lorsqu’il est arrivé, il m’a dit qu’il en avait mis un cinquième dans le camion dans lequel il croyait énormément et m’a demandé de l’essayer. Mais lorsque je suis monté dessus, le cheval était terrorisé. Le long de ma piste, j’ai un petit enclos avec différents animaux … et cela ne lui plaisait pas du tout. C’était impossible d’aller dans le fond de la piste. Finalement, nous avons quand même réussi à sauter … mais seulement quatre obstacles ! Le sentiment dessus était tellement incroyable que je devais le prendre ! C’était un cheval hors norme. Il n’avait en revanche pas beaucoup de métier mais il a rapidement été sur des parcours 120-125. Cependant, dans un parcours, il a enlevé une fois une foulée dans un triple, nous sommes tombés et j’ai dû me faire opérer du genou. Je suis resté 7 mois sans monter. Un ami a continué à le faire évoluer jusqu’en 135 avant que je ne continue avec lui. C’était un cheval adorable mais très sensible. Il suffisait que je ferme un tout petit peu trop les doigts sur les rennes et il s’arrêtait en plein parcours. Mégane Moissonnier qui l’a montée un peu après moi a eu le même soucis quelques fois. Quand on le voit, on peut penser qu’il est un peu lourd et qu’il manque de sang … mais en réalité, c’est un cheval extrêmement sensible. Lorsque je le vois aujourd’hui, c’est une énorme fierté. Je suis vraiment heureuse de l’avoir vendu à Laurent Guillet car les épreuves qu’il fait aujourd’hui, il mérite vraiment de les faire. Nous l’aurions gardé, cela aurait été du gâchis de faire du 145-150 avec un tel cheval. Son sport, ce sont ces épreuves-là ! Aujourd’hui, tout le monde est heureux de la réussite du cheval et c’est avant tout une belle histoire. »

Photos Cartherine Winand, Julien Counet & FEI